Parce qu’il laisse la parole libre et sans concession de son sujet pleinement résonner, ce documentaire touche juste. Et explore, en nous offrant ses airs en cadeau, la biographie du chanteur poète anarchiste disparu il y a quarante ans.
- r
- Très Bien
Publié le 23 octobre 2023 à 16h44
Mis à jour le 08 novembre 2023 à 20h39
Un misanthrope ne fréquente pas ses semblables, n’attire pas les foules ni ne communie avec elles. Voilà pourquoi, malgré la tentation, on ne peut qualifier Georges Brassens de tel. Seule la partie de l’humanité qui porte galons, robe noire ou soutane suscitait son aversion. Quant à monter sur scène… personne d’autre n’a rempli Bobino cinq mois de suite, rappelle ce portrait bercé par ses paroles calmes et précises, délivrées sur le ton de l’aveu. La compagnie des autres n’agréait pourtant pas l’auteur — compositeur sétois, jamais aussi heureux qu’enfermé dans sa vie intérieure, libre d’être, de penser et d’agir loin du regard des gens — « les braves gens qui n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux »…
Brassens n’était pas né égoïste ou méprisant, mais anticonformiste, libertaire, anarchiste. C’était à prendre ou à laisser. Ils ont pris. Et quarante ans après sa mort, on prend encore, saisi de mélancolie devant cette âme pure qui paraît condamnée à constater ce qu’elle est. Passé les premières minutes peu inspirées de cette très longue biographie, le charme opère, les chansons illuminant les étapes de sa vie comme des feux de joie le long d’un chemin douloureux.
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