Remiremont | Les incroyables histoires des Vosges En 1914, Louis Guingot invente le camouflage de guerre

La première veste de camouflage au monde est née en 1914 de l’imagination de Louis Guingot, un artiste de l’école de Nancy né à Remiremont. Aussi ingénieuse qu’ait pu être cette idée, l’Armée française l’a refusée. Incroyable, puisqu’aujourd’hui, plus de trois cents sortes de camouflages existent.
Anthony RIVAT - 22 déc. 2019 à 09:00 | mis à jour le 07 oct. 2020 à 15:36 - Temps de lecture :
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Les tenues de camouflage des militaires français ont énormément évolué depuis 1914 et l’invention de cet ingénieux équipement par le Romarimontain Louis Guingot.  Photo d’illustration ER /Alexandre MARCHI
Les tenues de camouflage des militaires français ont énormément évolué depuis 1914 et l’invention de cet ingénieux équipement par le Romarimontain Louis Guingot.  Photo d’illustration ER /Alexandre MARCHI

L’un des tournants souvent ignorés de l’histoire militaire est sans aucun doute l’invention du camouflage. Les Français, encore vêtus d’un bleu et un rouge criards en 1870, se sont peu à peu fondus dans le décor à partir de 1914. Notamment grâce à l’invention révolutionnaire d’un Romarimontain établi à Nancy : Louis Guingot. Le décorateur et artiste, né le 3 janvier 1864 à Remiremont, imagine, au début de la Première Guerre mondiale, dans son atelier nancéien, une veste d’un genre nouveau, dont les couleurs (vert pré, brun-rouge et bleu sombre) donnent l’impression d’avoir été prélevées dans un sous-bois. Son ambition est de sauver la vie de nombreux soldats en les rendant « invisibles » de l’ennemi. Confiant, Louis Guingot propose donc ce qu’il appelle « la tenue léopard » à l’Armée française. Mais cette « première veste de camouflage au monde » va être refusée…

Une fresque murale réalisée par Louis Guingot en 1887 recouvre les murs de l’abbatiale de Remiremont. Photo VM /Jean-Charles OLÉ

Une oeuvre de l'artiste découverte en 2000 à Remiremont

Si le nom de Louis Guingot est étroitement associé à la tenue camouflage, il ne faut pas occulter que l'inventeur de l'habit "léopard" est aussi et avant tout un peintre. L'artiste romarimontain a d'ailleurs laissé une trace de son savoir-faire dans sa ville natale. Une trace retrouvée par hasard en 2000, lors d'une rénovation de l'abbatiale de Remiremont. L'abbé Thomas a alors profité des échafaudages en place dans l'édifice pour se rapprocher de la partie haute d'une fresque recouvrant un mur derrière le chœur. Il a alors découvert la signature de Louis Guingot sur cette œuvre.

On trouve aussi des réalisations de l'artiste vosgien dans l'église de Vaubexy, près de Charmes, où il a peint un triptyque représentant le Christ (où il s'est lui-même dessiné).    

L’Armée française dit non

Dans un article universitaire de 2007, Frédéric Thiery, de l’Université Nancy 2, revient sur ce refus surprise. « D’évidence, l’idée du camouflage se heurta à son incompatibilité avec la fable représentative du combat et de la victoire. […] L’uniforme militaire, dans l’optique de l’époque, correspondait au vieux principe séculaire du "voir et se faire voir" où la force et la bravoure tiraient leur efficacité psychologique de leur visibilité. […] Enfin, en 1914, il était impossible pour des raisons budgétaires de fabriquer en série la quantité de tissu nécessaire à des millions de tenues, du fait de leur complexité. » L’idée géniale de Louis Guingot passe donc à la trappe.

La veste léopard exposée à Nancy. 
Photo ER/Nicolas Barreau
La veste léopard exposée à Nancy. Photo ER/Nicolas Barreau

La veste exposée à Nancy

Le temps a passé et d’autres prototypes de camouflage ont finalement été acceptés par l’Armée. Pas celui de Guingot. La « tenue léopard » a pourtant fait l’objet d’une bataille de paternité ; plusieurs créateurs revendiquant son origine. Sur la tombe de Louis Guingot, mort le 16 décembre 1948, l’inscription « inventeur du camouflage de guerre en 1914 » demeure pourtant. Quant à sa veste, elle est conservée au Musée lorrain de Nancy et voyage régulièrement pour des expositions consacrées à la Première Guerre mondiale.

Sa biographie écrite par Albert Conte, son dernier élève

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